Pascal Maitre, grand reporter pour National Geographic
Pascal Maitre est photojournaliste depuis 1979. Il est grand reporter et ambassadeur Canon. Il travaille uniquement pour la presse et publie régulièrement dans National Geographic, Geo France, Geo Allemagne, Paris Match, Stern, TerraMater, Le Figaro Magazine.
Pascal a fait beaucoup de reportages. Son record est indéniablement les 80 histoires qu’il a réalisées pour Geo Allemagne. Il a aussi réalisé 9 histoires pour National Geographic depuis 2004, date de sa première publication dans le magazine. Il avoue que sa première visite dans la rédaction remonte à 1987.
Dans ce nouvel épisode du podcast, vous allez apprendre :
- Comment trouver et financer un sujet (20’’40)
- L’importance d’instaurer la confiance (18’’05)
- L’évolution du marché de la presse (40 »40)
- Comment garder la motivation (29’’48)
- Le rôle du festival et de la semaine scolaire à Visa pour l’Image (44’’13)
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Comment trouver et financer un sujet ?
De 1979 à 1982, il a été salarié pour Jeune Afrique. Ces trois années lui ont permis de comprendre le fonctionnement d’une rédaction (participer aux conférences, choisir des reportages) : « lorsque je ne voyageais pas, je travaillais au service photo, et j’avais deux pages ouvertes dans lesquelles je pouvais faire publier des reportages. Donc j’allais dans les grandes agences ( Gamma, Magnum, Rapho, Sigma) pour aller chercher les reportages et je les proposais en conférence de rédaction ». Il faut être sûr de soi, sans survendre son sujet pour éviter toute frustration ou déception pour la rédaction.
Ainsi, il nous glisse dans un sourire le fameux adage de la rédaction de National Geographic : « ici, on publie des photos, pas des excuses ! »
Pour son sujet sur les migrants du Sahel, il explique qu’il avait envie de documenter la région en réalisant un travail très pédagogique. « C’est une zone dont on allait beaucoup parler en France. J’avais envie d’expliquer cette région ».

Pour réussir à convaincre une rédaction, Pascal conseille d’être le plus précis possible. Il envoie un texte d’une page qui explique pourquoi il veut faire ce sujet, comment il va le traiter et il liste les contacts qu’il a sur place. « C’est pas le tout d’avoir une bonne idée, il faut pouvoir la réaliser. »
Avoir une bonne idée est insuffisant. Pascal Maitre compare la bonne idée à une énigme. Il faut « trouver toutes les clés » pour pouvoir accéder à ce que l’on souhaite et réaliser ce dont on a besoin pour un reportage. Il évoque aussi le facteur chance mais pour lui, la préparation est essentielle, c’est ce qui « va permettre d’être dans la situation idéale ».
Des prix et des bourses lui permettent également de financer ses sujets, comme par exemple pour son reportage sur l’absence d’électricité en Afrique.
Pascal reconnaît qu’il n’a jamais produit un sujet. « Si j’ai eu envie de faire un sujet, c’est qu’il y avait une réelle raison. J’ai toujours réussi à trouver des gens qui voulaient me suivre ». Il confirme : « dans notre métier pour durer c’est une histoire de confiance ».
L’importance d’instaurer la confiance
Pascal évoque longuement dans cet entretien le lien de confiance qui est essentiel entre la rédaction et le photographe : « quand j’ai commencé à travailler pour Geo Allemagne, ils m’ont fait confiance. Aujourd’hui, ce qui est difficile pour les jeunes photographes, ce sont les magazines qui les font travailler une fois puis plus rien ».
Il pointe le manque de moyen dans la presse qui est déstabilisant pour le photographe. Il est conscient que « les photographes sont très fragiles. Ils sont freelance, c’est un métier où on dépend de tellement de choses qu’on ne contrôle pas ». Pour lui, ce climat de confiance est la clé pour durer dans le métier.
Quand on lui demande comment réussir à publier dans National Geographic, il répond sincèrement : « aujourd’hui National Geographic est beaucoup plus accessible qu’il n’était. Ils utilisent beaucoup de reportages sur le web. Ils ont besoin de beaucoup de reportages. Il faut essayer, il n’y a pas de recette particulière ».
La confiance d’une rédaction s’obtient par la qualité des sujets qu’on lui propose et par le comportement professionnel. C’est cette attitude qui va rassurer la rédaction et la pousser à engager le photographe. C’est Pierre Morel qui en parle le mieux dans l’épisode qui lui est consacré.
L’évolution du marché de la presse
Pascal revient sur l’époque des agences. Il explique, qu’à l’époque, elles avaient un vrai rôle de formation. Les éditeurs sélectionnaient les images et conseillaient les photographes pour s’améliorer. Elles étaient chargées d’envoyer les reportages à travers le monde. Aujourd’hui, beaucoup d’agences ont fermé et celles qui restent ont peu de moyens. A l’ère du numérique, il est bien plus simple d’avoir accès aux images : « tu es chez toi, tu fais un clic, les journaux du monde entier ont accès à ton travail. N’importe quel journal qui veut faire travailler un photographe va sur le net et récupère son contact. »
Pour Pascal, le plus grand danger actuellement c’est le système de distribution de la presse dans les kiosques. « Si ce système disparaît, ce sera compliqué. Ceci dit, on a toujours l’impression que les vrais reportages intéressent les gens. »
Il fait le constat des réductions budgétaires des rédactions qui ont un impact très négatif sur la production des sujets. C’est d’ailleurs cette baisse de budget qui rend les rédactions frileuses. Il poursuit : « on met beaucoup de responsabilité sur le dos du photographe. Comme les magazines ne veulent plus produire, ils vont laisser le photographe commencer, puis lui donner une dernière semaine de salaire pour compléter. Mais le photographe aura pris tout le risque et tout l’investissement ».
Pascal se désole de cette situation. Pour lui, « la production c’est le nerf de la guerre. Un magazine qui ne produit pas c’est un magazine qui n’a pas d’âme ». Il rappelle que la ligne éditoriale constitue la structure du magazine. C’est cette approche qui va permettre au lecteur de s’identifier et au magazine de fidéliser son audience.
Le rôle du festival et de la semaine scolaire à Visa Pour L’image
Le Visa d’or d’honneur est destiné à récompenser le travail d’un photographe confirmé et toujours en activité pour l’ensemble de sa carrière professionnelle. Mis en place en 2013, ce Visa d’or est doté par Le Figaro Magazine de 8 000 €.
Pascal a obtenu le Visa d’or d’honneur en 2015 : « un prix ça aide toujours, ça nous remet sur le marché, ça nous remet dans la lumière, ça consolide la notoriété. C’est ce qui permet de travailler ; les journaux auront plus confiance. »
Il a participé à son premier Visa pour L’image en 1991 : « je fais partie des personnes qui ont grandi avec Visa. Ce festival m’a apporté beaucoup, cela m’a permis d’avoir une exposition internationale, de rencontrer les plus grands directeurs photo et même les rédacteurs en chef des plus grands magazines ».
Aujourd’hui, Pascal participe à la semaine scolaire pour présenter son travail à la nouvelle génération : « ce qui m’intéresse c’est le côté pédagogie du grand public. La photographie, son vrai rôle c’est pour l’histoire ; le fait de sensibiliser des élèves de leur ouvrir des fenêtres sur des problématiques, sur l’utilisation de la photographie, sur la presse ». Pas moins de 12000 élèves passent par le Festival Visa pour L’image à Perpignan.

Pascal est très reconnaissant quand il parle du directeur de ce festival international : « Jean-François Leroy a eu un très grand rôle d’instruction civique qui a permis à plein de gens de voir des reportages sur des thèmes importants et contemporains ».
Quand on lui demande quel est le conseil qu’il donnerait à tout photographe, il répond sans attendre : « d’être curieux, d’avoir de l’énergie et de ne pas douter ».
Toutes les informations utiles de l’épisode
Les photographes cités dans l’épisode
Don McCullin
Eugene Richards
Alain Keler
MYOP
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