Du mariage au reportage, l’exemple de William Lambelet
William Lambelet est photographe professionnel et formateur, spécialisé dans le mariage, depuis une dizaine d’années. Il a développé un style qui lui est propre en cherchant une approche documentaire dans son travail. Aujourd’hui, il a rejoint Collectif DR pour diversifier son activité grâce au reportage.
Dans ce nouvel épisode du podcast, vous allez apprendre :
- Comment développer son activité dans un marché de niche (3 »15)
- La puissance du positionnement (6’’35)
- Construire une synergie pour diversifier son activité (39’’00)
- Comment fixer ses tarifs (20’’00)
- Intégrer le contenu des formations que vous suivez (9’’20)
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Comment développer son activité dans un marché de niche
William nous avoue qu’il n’a pas suivi de formation photo ; « j’ai même pratiqué la photographie assez tardivement ». Passionné par le « pouvoir des photographes à ramener des histoires », il fait son oeil en lisant les magazines National Geographic et Géo. Il achète son premier boitier numérique à l’âge de 23 ans. Il est tout de suite sollicité pour faire les photos d’un mariage. « J’ai donc découvert le métier grâce à des mariages d’amis. J’ai pu développer un style bien à moi , assez éloigné de la photo conventionnelle qui se faisait à ce moment-là ».
L’exercice lui a tout de suite plu. Il y a vu d’emblée l’opportunité de raconter des histoires. « Tous les mariages sont différents, je n’avais pas la sensation de refaire la même chose ». Il nous explique qu’il a axé son approche photographique sur la singularité de chaque mariage. « D’ailleurs nous sommes quelques-uns à avoir développé cette approche que nous appelons du photojournalisme de mariage ».
William voit dans cette façon de travailler un très bon équilibre entre une manière de photographier dans laquelle il est à l’aise et une opportunité de développer un style qui le différencie.
La puissance du positionnement
Il est vrai qu’en France, gagner de l’argent reste un problème. On pense, à tort, que conviction et réussite financière sont incompatibles. Or, « on peut tout à fait travailler par conviction et donner de la valeur à son travail. C’est même très important », insiste William.
Au fil des années, il a construit un business plan qui lui a permis d’abord de trouver son style, avant de définir quel était sa clientèle cible. « Au début, j’ai travaillé principalement avec une clientèle anglo-saxonne, parce que l’approche journalistique était beaucoup plus développée là-bas ».
Ensuite, William a cherché à en savoir plus sur cette clientèle cible. Comment cherchait-elle un photographe de mariage ? « Ces étrangers qui viennent se marier en France, ce qu’on appelle le Destination Wedding, ne perdent pas de temps avec des moteurs de recherche. Ils passent par des plateformes recensant les photographes ». Ces annuaires organisent régulièrement des concours pour donner de la valeur au travail des photographes. Les photographes les plus récompensés sont mis en avant sur ces plateformes.
Ainsi, William a réussi à déterminer avec précision ses clients idéaux. « Rarement en dessous de la trentaine, ce sont des mariés qui ont un vécu, qui veulent voir la réalité de ce qui se passe pendant cette journée, des fois même avec humour. »

Une synergie pour diversifier son activité
Quand on lui demande pourquoi il a voulu se lancer dans le reportage, William répond instinctivement : « par conviction. Je suis convaincu de la portée de mon travail en mariage. Je voulais aller encore plus loin ». En effet, lorsqu’il documente une journée de mariage, William s’attache à créer un héritage familial qui sera diffusé à un public restreint qui n’est autre que le cercle des mariés. Par le reportage, il a l’ambition de témoigner pour un plus large public.
Il y voit l’occasion de donner encore plus de sens à son travail. « J’ai eu la chance de travailler dans différents pays et je me suis aperçu que le mariage est un formidable marqueur temporel, social et sociétal ».
William a réalisé un reportage sur le mariage en Inde : « c’est un super marqueur de la condition de la femme dans la société indienne ». De même pour son reportage sur le mariage en temps de Covid-19, « c’est un témoignage de ce qu’on vit à notre époque ».

C’est ainsi qu’il a l’idée d’utiliser le mariage pour parler de la société. Néanmoins il l’assure, il fait bien la différence entre son travail de photographe de mariage pour des clients et son travail de photojournaliste.
« Je ne couvre pas le mariage de la même façon ».
S’il travaille pour des mariés, il va se concentrer sur leur histoire. « Je m’intéresse beaucoup à ce qu’ils ont vécu avant. Leur journée de mariage est un outil pour parler d’eux, de leurs relations avec les présentes ce jour-là. C’est la même chose si je travaille pour un magazine sur un mariage mais l’angle sera différent ».
Depuis six ans, il séjourne chaque hiver en Inde. Il a commencé un travail au long cours là-bas. Il nous assure qu’il avance bien dans ce travail photographique conséquent parce qu’il vit de commande. En effet, il photographie des mariages en Inde. Ces prestations lui permettent de financer ses voyages. Il a une très bonne connaissance du milieu et beaucoup de contacts pour avancer au mieux pour ses sujets documentaires.
« Voilà 11 ans que je suis photographe de mariage avec un modèle qui fonctionne bien et des rentrées d’argent régulières ».
C’est aussi ce qui l’a poussé à intégrer Collectif DR. Il veut pouvoir financer ses reportages sans toucher à ses deux autres sources de revenus que sont le mariage et la formation.

« Mon idée, c’est de vendre un ou deux reportages à la presse, de faire une exposition sur ce sujet là, éventuellement un livre et de continuer à rentabiliser ce qui a déjà été fait ».
Comment fixer ses tarifs ?
Selon lui, se faire un nom est essentiel pour éviter de tomber dans la catégorie du photographe « couteau suisse », sachant tout faire mais spécialiste en rien . William annonce que c’est souvent ce type de photographe que l’on choisit pour son tarif plutôt que pour ses compétences.
Quand on l’interroge sur la réalité des chiffres, William est transparent. Il réalise entre 12 et 20 mariages par an avec un panier moyen se situant entre 3500 et 4000 euros.
Il nous explique que son tarif de base est plus bas afin de pouvoir rester dans le premier choix des mariés. « Même s’ils préfèrent mon travail, l’écart est trop important entre un photographe à 1500 euros et mon tarif à 4000 euros. J’ai donc un tarif entrée de gamme aux alentours de 2000 euros qui me permet de rester dans la première sélection ».
C’est en rencontrant ses futurs mariés en rendez-vous qu’il explique sa plus-value et réussit à vendre des options supplémentaires.
« Voilà maintenant 3 ou 4 ans que je ne vends plus de fichiers HD s’ils n’ont pas un album ou des tirages ». William nous explique qu’il a fait évoluer son offre. Au début, il ne vendait que des fichiers numériques mais face au nombre de mariés qui ont perdu les fichiers ou qui ne les stockaient sur un disque dur sans en profiter, il a décidé d’évoluer. « A partir du moment où ils ont un support de qualité, qu’ils pourront garder plusieurs années, j’offre les fichiers HD ».
Intégrer le contenu des formations
C’est en travaillant pour les concours organisés par les plateformes de photographie de mariage et surtout par les récompenses qu’il a obtenues, que William s’est construit une renommée internationale dans le monde du mariage. D’abord, il a été invité à donner des conférences dans différents pays (Mexique, Afrique du Sud, Brésil, Russie, Inde). « Je me suis aperçu que, sur chaque continent, il y a avait des styles photographiques différents, souvent liés à la culture, et c’était super intéressant de pouvoir échanger avec des photographes locaux ».
Puis, il a eu l’idée de proposer des formations pour permettre aux photographes de s’ouvrir à ces différents styles. Il a donc créé un organisme de formation. En plus de donner des formations en France et à l’étranger, il faut venir des formateurs étrangers en France.
Quand on pointe le risque d’uniformisation du métier à cause des formations, William s’inscrit en faux. « Si tu appliques quelque chose que tu apprends, sans savoir pourquoi tu le fais et sans que ça t’appose quelque chose personnellement, tu ne vas pas forcément bien le faire ».
Il appelle les photographes à s’approprier le contenu de ce qu’ils apprennent en l’adaptant à leurs pratiques et en y ajoutant de la valeur. « Ne cherchez pas à faire de la copie », insiste-t-il.
Il conclut cet épisode par deux conseils précieux :
– suivre son instinct. « C’est très important pour sortir du lot ».
– se fixer des objectifs
Il précise que la réussite est très personnelle mais les objectifs, quels qu’ils soient, vont vous permettre de garder la motivation pour avancer.
Toutes les informations utiles de l’épisode
Son travail de photographe de mariage
Son travail de photojournaliste
Les photographes cités dans l’épisode
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