Photographe d’agence de presse, l’exemple d’EPA

jerome favre agence epa

Jérôme Favre est photographe pour l’agence EPA (European Pressphoto Agency). C’est une agence internationale de photo de presse qui collabore avec plus de 400 photographes dans le monde pour diffuser des images d’actualité sur toutes les thématiques (politique, économique, sport, culture, etc.)

Jérôme Favre est salarié à temps plein pour l’agence. Il habite et travaille à Hong-Kong. 

« Je suis payé même si je n’envoie pas de photos tous les jours, même si les photos ne sont pas utilisées. » Jérôme est salarié en CDI, il est transparent sur son salaire :  « je gagne 35000 Hong-Kong dollars Brut par mois (environ 4000 €) et j’ai 20 jours de congés payés ». Il reconnait que pour un pigiste ce qui est le plus difficile ce n’est pas de gagner plus ou moins et mais de gagner régulièrement.  

Dans ce nouvel épisode du podcast, vous allez apprendre :

  • Comment organiser une journée type  (10’’49)
  • Comment couvrir un événement « hot news » (1’09’’29)
  • Comment faire face à la routine en photo (20’’00)
  • Quelle est l’évolution du métier de photographe d’agence (57’28)
  • Comment construire une histoire (43’’50)

Vous pouvez aussi écouter cet épisode sur Apple Podcast ou sur Soundcloud

Comment organiser une journée type ?

Une journée type s’organise autour de l’agenda des événements. S’il n’y a rien de particulier, Jérôme va prendre le temps de lire les journaux locaux et les journaux en ligne pour trouver des idées. « J’envoie des photos à l’agence tous les 2/3 jours maximum : c’est important de montrer qu’on est là et qu’on produit des images. »

Il se renseigne aussi auprès du GIS (Governement Informations Services) qui donne aux journalistes l’agenda des événements à couvrir (conférences de presse, inauguration, etc). « Je me demande toujours si c’est l’occasion d’avoir accès à quelque chose que je n’aurais pas pu avoir tout seul. »

Mais il est important de construire son propre réseau de journalistes / photographes pour obtenir des informations et de suivre les réseaux sociaux. (Telegram, WhatsApp, Facebook)

D’ailleurs, sur certains événements, des collègues sont appelés en renfort (des photographes de l’agence EPA et des pigistes indépendants). Il peut s’agir d’une demande de Jérôme ou d’une proposition de l’agence. Cette façon de travailler permet d’avoir un nouveau regard sur les événements. « Ils voient des choses que je ne vois plus. »

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Portrait de Jérôme Favre sur le site web de l’agence EPA

Comment couvrir un événement de « hot news » ?

Il est fondamental de connaître les lieux pour pouvoir être réactif, connaître le terrain permet d’anticiper la prise de vue (lumière sur telle rue, angle depuis tel pont) et surtout de pouvoir se mettre à l’abri quand le danger approche. Techniquement, on est concentré sur son cadrage mais il faut rester attentif : « généralement, je vise les deux yeux ouverts, comme ça, je garde un oeil sur ce qui peut arriver sur moi ! »

Il conseille de ne pas porter plus de matériel que l’on ne peut courir avec. Il faut être très mobile. 

Beaucoup de photographes cherchent les images choc de confrontation mais, même si ces image là sont importantes, chronologiquement elles n’apparaissent pas dès le début de la manifestation. Le début d’une manifestation est toujours très calme. « Notre devoir c’est aussi de prendre ces images-là parce qu’elle racontent quelque chose. »

Comment faire face à la routine en photographie ? 

Pour éviter la routine, il faut se challenger, se faire violence pour trouver un angle différent. « Aujourd’hui, je vais shooter qu’avec le 35 et le 135, je vais rester sur des focales fixes. » 

« Je pense tout le temps à Robert Doisneau : à la question, que faut-il pour faire une bonne photo, il avait répondu une bonne paire de chaussures. »

Dans la photographie, il faut accepter qu’on ne peut pas être spécialiste de tout. La motivation est primordiale pour avancer et Jérôme confirme que « si elle est déjà là au départ, c’est tant mieux« . Il faut ensuite mettre en place tout ce qu’on peut pour continuer à progresser. C’est un processus long d’évolution. Avec le numérique, on a tendance à oublier qu’il y a une temps nécessaire pour l’apprentissage.

Il faut accepter les critiques, c’est un facteur non négligeable de la progression. Jérôme insiste sur le fait que « c’est important de regarder ce que font les autres. » 

 « C’est important de travailler dans un endroit où il y a beaucoup de compétition parce que ça te permet de rester sur ta garde. Bosser avec des gens qui sont meilleurs que toi, c’est une bonne façon pour progresser. »

Mais quel regard porte-t-il sur l’évolution de son métier? 

Quelle est l’évolution du métier de photographe pour une agence? 

Avec l’avènement du numérique, la photo de qualité est devenue disponible partout. La concurrence est importante.

Jérôme reconnaît que « c’est ainsi dans tous les domaines : plus il y a une commodité disponible, moins le prix est élevé. » Les agences font plus souvent appel aux photographies des amateurs, qui sont techniquement bonnes. Elles ont compris l’intérêt de vendre ces photos.

Face à ce constat, Jérôme se montre fataliste : « J’ai été freelance pendant longtemps. Aujourd’hui je me sens chanceux et privilégié d’être rémunéré de manière régulière pour faire des photos, pour faire quelque chose que j’aime ». 

Et ce qu’il aime c’est raconter des histoires lorsqu’il part en reportage. 

Comment construire une histoire solide pour un reportage photo ? 

Jérôme a couvert beaucoup de manifestations à Hong-Kong. Il insiste sur le fait de raconter une histoire, d’avoir un ensemble cohérent qui montre la totalité de l’événement. « A la fin de la journée, si on sélectionne 10 ou 20 images, ça doit raconter la manifestation. »

Jérôme confirme l’importance de la préparation en amont : « Quand tu es pris dans la foule, tu ne peux plus bouger. Il faut partir avec une ébauche de reportage dans la tête ». 

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Extrait du travail de Jérôme Favre sur le site de l’agence EPA

Sur la question de l’objectivité, Jérôme Favre est assez clair : «  je ne m’en préoccupe pas. Quand je travaille sur un événement, j’essaie de tout montrer.  Si je me concentre sur un seul aspect de l’événement, c’est déjà une forme de censure. » 

Rien que le choix du matériel est subjectif. L’histoire n’est pas la même au 35mm ou au 50mm. 

« Je couvre des événements historiques mais je ne me dis pas que ça va finir dans les livres d’histoire ». 

Ce qui fait une bonne photo c’est qu’il y a un côté émotionnel qui touche les gens. C’est beaucoup de travail et parfois un peu de chance. Jérôme Favre admet : « On tente tous de faire des photos qui restent en mémoire« . 

Toutes les informations utiles de l’épisode

Jérôme Favre

Photomechanic

Les photographes cités dans l’épisode

Bruce Gilden

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Fred Marie
Photoreporter professionnel, auteur du livre et du blog "Photographe Stratège"
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